« Somane a dit qu’elle allait lire dans sa chambre. J’ai demandé : «Qu’est-ce que tu vas lire ? » Elle a dit : «Un truc pour grandes personnes, toi aussi, quand tu seras grand, tu liras ce genre de livre. » Et elle est partie. Elle a quitté ses pantoufles orange et elle est rentrée dans la maison.
Moi, j’étais resté sous le cerisier. J’ai collé mon front à l’écorce de l’arbre. Elle était fendue. J’ai respiré profondément. C’était le matin, elle était froide, l’écorce de l’arbre. J’ai posé mes lèvres dessus. Et j’ai fermé les yeux. L’envie de pleurer m’est revenue. J’ai réussi à me retenir. Je savais bien que ça, au moins, ça n’annulait pas le jeûne. Mais je me suis dit que si on me voyait, c’en serait fini de mon honneur. J’ai regardé, il n’y avait personne. Un vent très léger faisait bouger les branches et les feuilles. Si léger… Pas un vent, non, juste une brise. Le soleil venait à peine de se lever, il caressait les feuillages humides, c’était vraiment très beau. »

Une cerise pour couper le jeûne,  p. 22

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En librairie le 3 mai 2012

ISBN : 979-10-90175-04-4
Format : 12 x 18 cm
Pagination : 192  pages
Prix : 17 €

Traduit du persan (Iran) par Stéphane A. Dudoignon

Le ramadan observé par un gamin afin de séduire une belle cousine et d’accéder au monde des adultes, le vol et la profanation du cadavre d’un oncle incestueux, une fête chiite révélant la vie secrète d’un quartier, un enlèvement et une exécution sans motif apparent ou les méditations désabusées d’un sniper sont autant d’approches qui mettent ici à nu quelques tabous de la société iranienne contemporaine.
Une cerise pour couper le jeûne met en scène, souvent à travers le regard d’un enfant, les figures truculentes ou inquiétantes d’une petite ville de province sous la République islamique, quelque part entre le Chaminadour de Jouhandeau et le Macondo de Garcia Marquez.
Une ironie facétieuse et une jubilation d’écriture tantôt tendre, tantôt féroce, dominent ces récits d’un quotidien baigné de violence familiale, d’épopée religieuse et d’intrigues de bazar.

Hafez Khiyavi est né en 1973 à Meshkinshahr (ancienne Khiyav), à l’extrême nord-ouest de l’Iran. Dès l’âge de vingt ans, il écrit des critiques de cinéma, des pièces de théâtre, puis se lance dans une formation de réalisateur de télévision. Son premier recueil, Une cerise pour couper le jeûne, paraît en 2008 et obtient le prix Ruzi ruzegari du meilleur recueil de nouvelles. Après neuf réimpressions, on peut dire que le caractère innovant de l’ouvrage a obtenu un certain succès populaire. Un deuxième recueil est d’ores et déjà annoncé.

Article Cerise Le Monde

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