« C’est dans cet esprit qu’elle se remémorait ses années de jeunesse, les silhouettes évidées dans les voiles de deuil, les salles de dissection, la gaieté des levers à l’aube, un dandy au regard cerclé d’écaille, reprenant sans se lasser la légende d’un siècle irréel, évoquant les romances déglinguées de sa sœur Louise, l’officier au col haut boutonné qui avait valsé avec Mathilde en robe rose, l’esclandre du catéchisme, les petits carnets du Code Napoléon, les trois listes de douze prénoms, la folie des troènes, le commerce des robes de deuil, les larmes de Louise, une tartine de pain bis au goût de fraîchin, tout ceci et bien d’autres choses encore, dans le désordre et quêtant l’accroche, mais avec la lenteur des véritables chercheurs, l’indispensable lenteur sans laquelle on ne comprend rien aux vertiges du temps immobile. »
Les Retranchées, p. 257
En librairie le : 5 février 2015
ISBN : 979-10-90175- 27-3
Format : 12 x 18
Pagination : 288 p.
Prix : 19,90 €
Au printemps 1919, Jeanne et ses trois filles se retrouvent en deuil du capitaine Vernet. À Angers, ce deuil devient interminable. Les jeunes filles étudient, se marient tant bien que mal, procréent même de nombreux enfants: en vain. Les guerres escamotent les hommes. Quand ce ne sont plus les guerres, ce sont les divorces, les abandons.
Explorant la part d’absence que la Grande Guerre a laissée en partage à des millions de veuves et d’orphelins, Les Retranchées suit sur quatre générations les répercussions d’un deuil impossible et la déliquescence de l’identité masculine.
Une magnifique mélopée, non dépourvue d’ironie, un sublime hommage à l’émancipation féminine.
Après Only you en 2004, Les Retranchées est son deuxième roman.
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