« Je reste parfois plusieurs jours de suite sans sortir, je passe tout mon temps dans cette petite chambre. Avant de sortir, je dresse une liste des choses nécessaires. J’ai rapporté de mon studio la cafetière électrique, la cuisinière à gaz portable, une casserole, des nouilles instantanées, des cuillers à thé, des gobelets, du sucre et des kleenex. Je me fais des nouilles instantanées et du café. J’ai apporté aussi le grille-pain, un couteau, le lecteur de CD, un plateau, du pain de mie, des cintres, des sous-vêtements, des chaussettes et mon fauteuil.
Je me fais griller du pain, j’écoute de la musique, lis ou somnole dans mon fauteuil. J’ai pris un abonnement à l’internet haut-débit, un autre à un journal, puis j’ai transporté mon téléviseur. Je commande des livres sur internet, j’envoie des e-mails à ma femme, je lis mon journal, je regarde les matchs de foot à la télé. Ma femme ne répond jamais, le journal m’apporte tous les bruits du monde, mais le monde ne change pas et les matchs sont ennuyeux. Bon, peu importe. Certains jours, je dors toute la journée. Je ne m’en plaindrai pas. Jamais je n’entre dans la pièce principale. S’il me faut rendre ma table au printemps, ce ne sera pas bien gênant. Au printemps, le plaqueminier se parera de feuilles nouvelles. »

Le Vieux Journal, p. 180

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En librairie le 3 octobre 2013

ISBN : 979-10-90175-13-6
Format : 14 x 21 cm
Pagination : 272 pages
Prix : 19,50 €

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Traduit du coréen par Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet

Mystérieusement disparu, le journal intime de Changki refait surface le jour où ce dernier est appelé à l’hôpital au chevet de son cousin. Lui est devenu écrivain, l’autre pas, au prix, chacun, de cruelles déconvenues. Entre un petit frère autiste et des parents absents, une jeune femme est prise comme dans un étau. Expulsé de son foyer conjugal par son beau-père, Seon-ho se réfugie chez une ancienne amante elle-même en exil…

Les personnages de Lee Seung-U vivent tous des situations à la fois rocambolesques et tragiques. À la limite de l’absurde. Acculés à la dépossession de leurs biens et à l’exil, ils se trouvent mis à mal par des cascades de mauvais coups. Famille, couple, individu même ne s’en remettent pas.

Face à un licenciement, une rupture, une disparition, à toutes les misères humaines, il n’y aurait de salut, alors, que dans l’acte d’écrire. Cette tentative de compréhension de la trajectoire de toute vie nous dit pourquoi notre présent est parfois si éloigné de notre point de départ ou de la vie rêvée.

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Figure majeure de la littérature coréenne Lee Seung-U est né à Jangheung en 1959 en Corée du Sud. Après avoir suivi des études de théologie il est devenu écrivain à temps plein et enseigne aujourd’hui la littérature coréenne et l’écriture. Auteur de plusieurs recueils de nouvelles et de romans, Lee Seung-U a obtenu plusieurs prix importants, dont le prestigieux prix Daesan (équivalent coréen du Goncourt) pour L’Envers de la vie. Il est aujourd’hui l’auteur coréen le plus traduit et le plus lu au Japon.

Après le succès en France de La vie rêvée des plantes (Folio, 2009), voici son premier recueil de nouvelles traduit en français.

À paraître en mars 2016, son dernier roman: La Baignoire.

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