Le « grand amour » d’Augustin, en revanche, découlait de sa passion littéraire, des intenses et profonds courants de douleur et d’amour qu’il avait découverts dans cet autre monde qu’est la littérature, dans Adolphe en l’occurrence, Adolphe et Ellénore étant les créatures d’une grande œuvre de fiction ; la beauté et la souffrance cuisantes de leur amour dépassaient tout ce qui s’offrait à Augustin dans la « vie quotidienne », qu’il méprisait par ailleurs.
Autobiographie d’un personnage de fiction, p. 173-174
En librairie le 8 octobre 2020
ISBN : 979-10-97594-96-1
Format : 14 x 21 cm
Pagination : 256 pages
Prix : 21, 90 €
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Lucien d’Azay
Nous sommes les livres que nous avons lus. Tel est le principe de ce roman picaresque en patchwork. Augustin, le protagoniste, est le rejeton des auteurs dont il s’est nourri, de Dickens à Joyce, en passant par Sade, Kafka, Proust ou Cervantès, pour n’en citer que quelques-uns. L’auteur ne ne se contente pas de les évoquer. Il coud astucieusement des citations les unes aux autres, tout en introduisant leurs auteurs dans sa vie, comme le Petit Marcel, par exemple. Et à l’instar de tous les romans initiatiques, c’est aussi l’histoire d’une métamorphose, celle émouvante d’un petit garçon en adolescent puis en jeune homme.
Avec tendresse, mais sans complaisance, Augustin se souvient de cette transition, de ses premiers émois encore chastes, jusqu’à ce qu’à l’innocence se substitue une sexualité compulsive qui marque sa personnalité au passage à l’âge adulte.
Augustin a vingt et un ans quand le roman s’achève. Il a lu la plupart des auteurs qui ont déterminé sa propre démarche. Son destin est tout tracé. Il écrira un jour l’autobiographie subversive et facétieuse d’un personnage de fiction pour s’inscrire dans la lignée de Tristram Shandy, Jorge Luis Borges ou de l’Adolphe de Benjamin Constant.
Alain Arias-Misson, né en 1936 à Bruxelles, a passé une grande partie de son enfance à New York où sa famille s’était réfugiée pendant la guerre. Diplômé en littérature et en philosophie grecques à l’université de Harvard, nomade par nécessité autant que par vocation, il a vécu en Belgique, Espagne, France, Italie et Afrique du Nord. Il va et vient aujourd’hui entre Paris, Venise, Anvers et le Panama.
À l’avant-garde de la poésie visuelle dès les années 1960, il est connu dans une douzaine de villes européennes mais aussi à New York et à Los Angeles, pour ses Public Poems, performances qui consistent en l’appropriation du milieu urbain par la poésie dans une perspective politique et provocatrice. Il conçoit aussi des poèmes-objets, des boîtes-théâtres, des livres en trois dimensions et des poèmes holographiques. Féru de canulars et de bandes dessinées, il est l’auteur de neuf romans, Théâtre de l’inceste notamment, dont la traduction française a paru en 2014 chez Serge Safran.