« J’ai hésité, je lui ai dit que l’écriture était bien maîtrisée, que l’auteur était tout à fait fondé à utiliser des informations fournies par des gens qui connaissaient le milieu de l’intérieur, mais qu’à mon sens, le concept n’était pas si heureux que ça. Mon Dieu ! qu’est-ce que je n’avais pas dit là ! Il a bondi et s’est mis à vociférer :

– Qu’est-ce que vous comprenez à la littérature, espèce de branleur ! Ce roman, c’est le meilleur livre que vous publierez jamais ! Je vous offre la chance de votre vie, pauvre con !

J’étais abasourdi. J’ai craint qu’il n’en vienne aux mains. Tout à coup, il s’est affaissé et il est retombé sur le sofa. Il a commencé à pleurer ; son corps maigre était secoué de spasmes à chaque sanglot. J’ai eu soudain de la peine pour lui. Par où cet homme était-il passé pour en arriver là ? En fait, il avait raison. J’avais déjà publié des choses moins bonnes. Et puis, je me suis dit que je pourrais peut-être faire une petite campagne de publicité qui me permettrait de vendre un peu. Dans des circonstances normales, un Albert Dunkel ne serait jamais venu se faire éditer chez moi. C’était peut-être vraiment ma chance. J’ai donc dit oui. »

Albert Dunkel, écrivain de génie, tueur en série, p. 185-186

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En librairie le 7 février 2013

ISBN : 979-10-90175-08-2
Format : 12 x 18 cm
Pagination : 240  pages
Prix : 19 €

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Traduit de l’allemand par Élisabeth Willenz

Albert Dunkel, écrivain allemand contemporain (1958-1988), aurait pu exister. Et défrayer la chronique autant par ses livres que par ses meurtres. Il existe désormais grâce à la biographie fictive que lui consacre son compatriote et confrère Michael Siefener.

L’originalité de ce roman réside dans tout ce qui caractérise une véritable biographie : étapes de la vie de l’auteur, témoignages, résumés et extraits de ses œuvres, recensions dans la presse, correspondance, entretiens, analyses tirées de travaux universitaires, etc.

Par-delà la forme, particulièrement ludique, ce qui impressionne le plus est ce sentiment d’absolue solitude et de profond désespoir du personnage romanesque qu’est Albert Dunkel. Dès son enfance, il semble courir inéluctablement à sa perte, prisonnier d’un univers familial oppressant, tête de Turc des enfants de son âge. Adolescent, il trouve refuge à la fois dans des rites sacrificiels et dans la poésie comme dans la littérature fantastique. Étudiant, il rencontre Dagmar, jeune fille qu’il séduit contre toute attente et qui l’aide à publier son premier roman, futur best-seller sulfureux…

Même imaginaire, la vie de cet écrivain inconnu et maudit tient le lecteur en haleine jusqu’au bout du récit, tout comme l’évocation de ses différents romans – fictifs – le plonge dans un univers mental impressionnant, souvent violent, presque toujours désespéré, parfois proche du délire, car issu de la folie de l’écrivain. Avec une incroyable sensation de vérité.

PARIS, FRANCE- JULY 12 : Michaël Siefener German Writer , in Paris ,in France, on July 12, 2012.

Michael Siefener est né à Cologne en 1961. Après avoir rédigé une thèse de doctorat sur les procès de sorcellerie, il renonce à une carrière juridique pour se consacrer à l’écriture. Auteur de plusieurs recueils de nouvelles et de romans, Michael Siefener est un écrivain exigeant, au lectorat fidèle. Une bibliographie commentée lui a été consacrée en 2011 aux éditions Lindenstruth. Déjà traduit en français par Isabelle David et Élisabeth Willenz (Nonnes, Le Visage Vert, 2008), il est lui-même traducteur, notamment de Montague Summers ou Ambrose Bierce. Il vit depuis 2004 entre Manderscheid et Hambourg.

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